Laf préfère jouer à la balle avec le psy.
Houah ! Le psy porte un costume trois pièces. Il est bien sérieux aujourd’hui. Bonnes odeurs, chaussettes rouges.
Laf est bien calé sous le bureau :
– Gloups ! J’ai laissé échapper la balle que j’ai dans la gueule, que je croyais subrepticement cachée. Il ne fallait pas qu’il me fasse rire avec ses chaussettes rouges.
Le psy :
– Qu’est-ce que c’est que ça ?
La maîtresse :
– Laf !
Le psy s’adresse au chien, un doigt en l’air :
– Forbidden, no play, verboten. Il faut te parler en frenglish : interdit d’amener ta ball. Comprendo, perro.
Le psy se lève et fait un magnifique lancer de balle. Laf récupère la balle de tennis dans sa gueule.
Le psy revient à son fauteuil en murmurant : « j’aime faire des drops ».
Et blablabli et blablabla…
La maîtresse continue ses doléances :
– Laf a fugué ! J’ai tellement peur d’être abandonnée. Je l’ai cherché, cherché et j’ai fini par le trouver entre les pattes de Patou. Ce chien doit manquer d’affection. Est-ce que je suis une bonne mère, une mère « suffisamment » bonne ? Winicott [1] trouverait-il que je suis une bonne mère ? Vous savez, j’ai un fort sentiment de culpabilité. Alors, j’ai porté un doggybag pour Cristobal et un doggybag dog pour Patou, avec plein de hot-dogs tout chauds.
Laf se bouche les oreilles. Il serre fort la balle dans sa gueule. Il n’aime pas qu’on étale sa vie intime et qu’on fasse la charité à ses amis.
[1] D. W. Winnicott, The Child, the Family, and the Outside World (Middlesex 1973)
Comments